mercredi 28 septembre 2016

Seul le silence

Auteur : R.J. ELLORY
Editeur : Sonatine
Parution : 21 août 2008
Nombre de pages : 504











Que vous reste-t-il à perdre quand on vous a déjà tout pris ?

Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l'ombre duquel il vit depuis l'enfance. 
Trente ans plus tôt : Joseph a 12 ans lorsqu'il découvre dans son village du Sud des États-Unis le corps d'une fillette assassinée. Une des premières victimes d'une longue série qui laissera longtemps la police impuissante.
Des années plus tard, alors que l'affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s'installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l'a touché de trop près. Mais à nouveau les meurtres d'enfants se multiplient, et il comprend que le tueur est toujours à l'oeuvre. Pour échapper à ses démons, Joseph n'aura d'autre solution que de reprendre l'enquête, afin de démasquer le vrai coupable, dont l'identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages.












Ce que j'en ai pensé



Bon, autant le dire tout de suite : j'ai adoré ce livre ! Ce fut un véritable coup de cœur, qui m'a donné envie de lire tous les autres romans de R.J. ELLORY.
Une telle puissance dans l'écriture, c'est très très rare !
Elle est tellement dense, belle et forte que j'avais besoin de faire des pauses, et qu'il m'a fallu presque deux semaines pour lire ce roman.
De plus, je ressentais le besoin de prendre mon temps, car je le savourais. Je n'avais pas envie d'aller trop vite et d'avaler les pages, juste pour savoir le mot de la fin.
Car pour moi, ce n'était pas le plus important, de savoir qui était le tueur. Ce qui était important, c'était l'histoire en elle-même et la façon qu'avait le narrateur de la raconter. Car dans ce roman, chaque phrase est une merveille en soi et se déguste.

D'ailleurs, si vous êtes du genre pressé et amateur d'action, ce livre n'est pas pour vous. En effet, l'auteur prend bien son temps, et cette histoire se déroule sur trente ans de la vie du personnage principal, Joseph Vaughan. 

Quand l'histoire commence, nous sommes presque en 1970, mais Joseph nous raconte toute son existence, de son enfance dans un petit village du Sud des Etats-Unis, dans les années 1940, à sa vie d'écrivain à New York vingt ans plus tard. En fait, le roman est un long flash-back, dont les chapitres sont entrecoupés de courts passages situés dans le présent. 
Et tout ce récit nous fait peu à peu comprendre comment les meurtres d'un tueur en série qui a commencé à sévir quand Joseph avait douze ans - et qui n'a jamais cessé depuis, sans jamais se faire prendre - l'ont obsédé toute sa vie et ont influencé un grand nombre de ses décisions, de ses actes et d'événements qui l'ont touché de près. 

Toute la première partie, celle qui se déroule à Augusta Falls, en Georgie, pendant sa jeunesse, est magnifique ! Le narrateur y décrit sa vie simple et qui aurait pu être heureuse, sans ces horribles meurtres qui le bouleversent, entouré de sa mère (son père meurt au tout début du roman), de ses voisins (une famille d'origine allemande et un vieux célibataire endurci qui va devenir son plus proche ami), et de son institutrice, dont il est secrètement - mais profondément - amoureux. Joseph est un peu différent des autres enfants, dans le sens où il est très intelligent et très mûr, pour son âge. D'ailleurs le regard lucide et presque adulte qu'il porte sur tout ce qui l'entoure, est stupéfiant, et pourtant complètement crédible. D'un côté, c'est à cause de cette intelligence et de cette maturité qu'il est beaucoup plus touché que les autres enfants par les meurtres de ces fillettes et qu'il souffre atrocement de se sentir impuissant à les empêcher. Et d'un autre côté, c'est grâce à cette intelligence qu'il va se démarquer des autres enfants de sa classe, et que son institutrice va le pousser à écrire, car elle a décelé un véritable talent en lui qui ne demande qu'à grandir.
A partir de là, une relation plus privilégiée va naître entre cette maîtresse d'école et son élève, une relation de confiance, presque d'amitié, qui va avoir une grande importance dans la suite de l'histoire.

J'ai beaucoup aimé le personnage de l'institutrice. On sait qu'elle est jeune et jolie (elle n'a que neuf ans de plus que Joseph, donc 21 ans au début du roman), et je l'imagine avec des robes et des chignons stricts. Elle est douce mais autoritaire, très intelligente, droite, honnête, indépendante, ouverte d'esprit. Elle a une énorme influence sur Joseph, le poussant à exploiter son talent et à avoir confiance en lui, jouant le rôle de confidente et aidant Joseph à aller mieux dans les moments difficiles.

Après Joseph et l'institutrice, mon troisième personnage préféré est Reilly Hawkins, le vieux voisin célibataire qui ne s'est jamais marié parce qu'il a eu le cœur brisé une fois et n'a pas voulu reprendre ce risque. Toute sa vie, il va être un ami et un confident, pour Joseph, un peu comme un oncle bienveillant. Sa simplicité, son humilité et son humanité ainsi que son bon sens d'homme de la campagne m'ont beaucoup plu. Et j'ai remarqué que les passages où Joseph est avec lui, parle avec lui, tout le long du roman, ont beau être très naturels et pudiques, ils n'en sont pas moins extrêmement importants et profonds. D'ailleurs ces passages-là sont souvent situés à des moments-clé de l'histoire, en général des moments difficiles pour Joseph, et le fait d'être avec cet homme lui procure toujours un apaisement.  

C'est aussi cela qui m'a touchée et que j'ai particulièrement apprécié, dans ce roman : les relations pleines de pudeur et de simplicité entre les personnages, les dialogues sobres, sans fioritures, mais à travers lesquels tous les sentiments et les émotions transparaissent.

La deuxième partie du roman, celle où Joseph s'installe à New York et débute sa carrière d'écrivain, est un peu moins passionnante, mais cette période heureuse ne dure pas longtemps, malheureusement pour lui, et Joseph est très vite rattrapé par le passé. Dès lors, il comprend que sa vie ne pourra pas avancer tant qu'il n'aura pas résolu l'énigme de ces meurtres.


C'est lent, c'est sombre, c'est désespéré, mais qu'est-ce que c'est beau !
Quand je dis que c'est lent, ce n'est pas un défaut, pour moi, car c'est cette lenteur qui contribue à donner toute sa force et son ambiance à ce roman que je considère comme un pur chef-d'oeuvre !



Conclusion : Une merveille ! Un roman noir, très noir, mais d'une formidable beauté. Une écriture puissante, une histoire sombre et bouleversante, des personnages inoubliables... Ce livre restera longtemps en moi et surtout, je vais me jeter sur les autres romans de cet immense écrivain !


Ma note : 19/20


4 commentaires:

  1. Un livre qui me donne envie de découvrir grâce à ta sublime chronique ! :)

    RépondreSupprimer
  2. J'avais lu , mais je n'avais laissé un petit commentaire. C'est maintenant chose faite. ^^ Tu me donnes vraiment envie de le lire et je dois dire que mes souvenirs ne sont pas du tout en concordance, ce qui me rassure ^^ J'avais du l'essayer à un mauvais moment. En tout cas, on sent bien ton coup de coeur ^^

    Bonne lecture de ses prochaines œuvres ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne comprends pas pourquoi ça te rassure que tes souvenirs ne concordent pas avec mon avis ? Peut-être que tu ne vas pas aimer, cette fois encore, car ce n'est pas ton style d'écriture... Mais j'espère de tout coeur que ça ne sera pas le cas et que tu vas l'apprécier.
      Merci pour ton commentaire ! Ça fait toujours plaisir, car ils sont plutôt rares, sur les chroniques.

      Supprimer

N'hésitez pas à laisser un petit mot, ça fait toujours plaisir ! :-)